Et si les émotions étaient la conséquence de prédictions faites par le cerveau ?
Parmi les théories les plus récentes de l’émotion, des chercheurs ont remis en question l’idée selon laquelle les émotions :
- sont générées dans une zone spécifique et spécialisée du cerveau,
- sont innées et universelles.
La théorie de l’émotion construite (Barrett et al., 2017) pose un nouveau paradigme pour expliquer l’expérience et la perception des émotions. Le cerveau construit les émotions en utilisant nos expériences passées, pour guider nos actions et donner un sens à nos ressentis.
D’après l’approche constructiviste, les émotions sont :
- des concepts appris, construits par le cerveau qui s’enrichissent tout au long de la vie, en fonction de nos expériences et de notre environnement.
- des prédictions effectuées par le cerveau sur la base des informations sensorielles internes et externes. Pour agir rapidement, le cerveau réagit avant même d’avoir reçu toutes les informations et prépare le corps à l’action.
Une équipe de chercheurs (Bertoux et al., 2020) a mis en évidence une corrélation étroite entre la perte de la mémoire et du langage et la difficulté à reconnaître les émotions ainsi que leur caractère agréable ou désagréable.
L’hypothèse émise par ces chercheurs est que notre aptitude à identifier une émotion dépend de notre capacité :
– à nommer l’émotion,
– à la reconnaître sur le plan conceptuel.
De précédents travaux (Lieberman et al., 2007) avaient déjà montré comment mettre des mots sur une émotion contribue à réguler l’intensité émotionnelle en diminuant l’activation physiologique des zones cérébrales impliquées.
Ces travaux suggèrent que nous ne sommes pas à la merci de nos émotions !
Lorsque nous sommes activés par une émotion, nous pouvons apprendre à :
- ralentir par une respiration lente et profonde qui ralentit la fréquence du rythme cardiaque,
- observer le ressenti corporel,
- faciliter une attitude d’accueil et d’acceptation de l’expérience émotionnelle,
- nommer et autoriser l’émotion,
- identifier le ou les besoin(s) sous-tendus par l’émotion,
exprimer ses besoins,
Références :
- Barrett, L.F., The theory of constructed emotion: An active inference account of interoception and categorization. Social Cognitive and Affective Neuroscience 12
- Bertoux, M., Duclos, H., Caillaud, M., Segobin, S., Merck, C., de La Sayette, V., Belliard, S., Desranges, B., Eustache, F., & Laisney, M. (2020). When affect overlaps with concept: emotion recognition in semantic variant of primary progressive aphasia. Brain, 143, 3850-3864.
- Lieberman, M. D., Eisenberger, N. I., Crockett, M. J., Tom, S. M., Pfeifer, J. H., & Way, B. M. (2007). Putting feelings into words. Psychological science, 18(5), 421-428.
Pour aller plus loin :
RESPIRE. Je bouge, donc je pense. Je respire, donc je suis. ; E. Altenloh & G. Favro (L’Harmattan 2021)
4 mains, 10 ans de recherche, 3 ans de rédaction, 54 exercices, 272 pages.
RESPIRE un livre où vous trouverez sans doute une réponse à une question. Laquelle ?