無雙直傳英信流居合道 – Musō Jikiden Eishin Ryū Iaidō 

L’iaïdō est un art japonais traditionnel.
Art de dégainer le sabre, le iaïdō est aussi une “ voie ” pour “ se perfectionner ” soi-même.
Les arts japonais traditionnels accordent une grande importance aux conditions dans lesquelles se déroulent l’étude et l’entraînement.
Aussi l’ambiance et l’état d’esprit qui président dans les dojos de iaïdō favorisent une discipline du corps et de l’esprit qui développe le respect mutuel, la concentration et la vigilance :
« Faire attention à nous-mêmes, à ceux et à ce qui nous entourent dans tous les moments de notre vie… »

Origine et traditions

L’iaïdō porte au plus haut l’esprit et les principes éthiques et esthétiques de la double voie des armes et des arts de l’ancien Japon.

Dans le Japon des Samouraïs, des maîtres d’armes recherchaient à perfectionner sans cesse, des techniques destinées à s’adapter à de multiples situations de combat.

Effigie de Hayashizaki Jinsuke Minamoto no Shigenobu – Hayashizaki Jinja – Murayama-shi – Japon.

En 1556, l’un d’entre-eux, Asano Tamijimaru, se retira dans le sanctuaire Hayashizaki, dans l’ancienne province de Dewa, où il médita et se livra pendant cent jours à de multiples exercices spirituels.  La légende raconte qu’il reçut une inspiration divine. Il prit alors le nom de Hayashizaki Jinsuke Minamoto no Shigenobu et entreprit la codification des anciens iai-jutsu dans une approche moins agressive de l’art du sabre, en introduisant une dimension spirituelle caractérisée par la recherche du geste juste et de la connaissance intuitive.

Le 7ème Soke (Grand Maître dépositaire de la tradition) Hasegawa Chikaranosuke Hidenobu  réalisera, vers l’an 1700, la synthèse de ces techniques. Il serait aussi à l’origine du port du katana, glissé à la ceinture tranchant vers le haut, ce qui permet de dégainer et de couper dans le prolongement de la sortie du sabre afin de gagner un temps précieux sur l’adversaire.

Musō Jikiden Eishin Ryū

L’école Musō Jikiden Eishin Ryū, perpétue une pratique riche de plus de quatre cents cinquante ans de tradition.

Kono Minoru Hyakuren Sensei (1899 – 1974)
Soke – 20ème génération

Au Japon, l’école Musō Jikiden Eishin Ryū, est considérée par beaucoup, comme l’une des plus anciennes et des plus authentiques écoles traditionnelles ; car elle a su transmettre de générations en générations son enseignement jusqu’au début du XXème  siècle.

La traduction littérale du japonais signifie :

  • Musō : Unique.
  • Jikiden : Transmission directe.
  • Eishin : patronyme de Hasegawa Chikaranosuke Hidenobu.
  • Ryu : Ecole.
Calligraphie Esaka Seigen Sensei

Son art repose sur la concentration, la précision, la rapidité, la sobriété et l’économie des gestes. Les mouvements sont fluides et naturels. Par un entraînement rigoureux, chaque technique est dépouillée à l’extrême de tout contenu irréaliste, afin de n’offrir aucune faille dans la défense que le pratiquant présente à l’adversaire.

D’une finalité guerrière, elle a évoluée aujourd’hui, vers une élégante voie martiale, dont l’esprit pacifique réside dans la tradition de l’école Musō Jikiden Eishin-ryū, qui affirme que : « Le meilleur des sabres est celui qui reste dans son fourreau. »( Saya no uchi ).

L’apprentissage

L’enseignement de l’école Musō Jikiden Eishin Ryū est constitué de combats codifiés ou « waza » qui se pratiquent seul, pour la plupart, contre un ou plusieurs adversaires imaginaires.

Une technique correcte ne peut s’acquérir qu’à partir d’une position juste des pieds « ashi sabaki », du corps « tai sabaki », du sabre « ken sabaki », associées à un état d’esprit calme et vigilant.

Le pratiquant doit répéter inlassablement chacune de ces techniques, afin de polir le corps et l’esprit, dans une démarche d’amélioration continue. C’est une expérience sans fin, qui se pratique tout au long de la vie du pratiquant et permet le développement d’une posture saine, d’un corps souple, d’un état d’esprit présent et flexible ouvert à l’altérité et aux relations humaines harmonieuses.

La méthode d’apprentissage consiste à acquérir progressivement les techniques de base, pour maîtriser d’une part le maniement du sabre et d’autre part le déroulement des différentes familles de « waza ».

En s’exerçant longuement et régulièrement, seul ou collectivement, le pratiquant améliorera notamment son sens de l’équilibre, la coordination de ses gestes, son endurance, ainsi que sa concentration.

L’esprit

Les Sensei(先生: celui qui est né avant) qui transmettent de générations en générations cet enseignement, expliquent qu’à partir du grade de 5e ou du 6e dan, si le pratiquant ne suit pas la voie du Zen, il n’y a plus de progression possible. 

Dans la pratique de l’iaïdō comme dans la vie, quatre émotions font régulièrement obstacle à une progression harmonieuse de l’être. 

La surprise (驚: Kyō) créée par l’arrivée d’un évènement imprévu, sème momentanément la confusion dans le corps et l’esprit et met le cerveau dans l’impossibilité de juger les évènements avec la précision et la lucidité nécessaire. La surprise empêche de s’accorder aux évènements et d’élaborer une réponse adaptée. Elle provoque chez le pratiquant un saisissement, une absence, qui lui sera fatale dans un combat où toute action jaillit en un éclair.

La peur (恐: Ku) provoque une forme de stagnation mentale qui immobilise le corps, coupe le souffle, raidit les muscles rend les jambes faibles et peu mobiles. 

Le doute(疑 : Gi) survient quand les intentions et les actions de l’adversaire sont difficiles à percevoir ou à anticiper. Il paralyse la capacité de jugement, fait oublier toute prudence ou altère la capacité de décision.

L’indécision(惑: Waku) est un état de confusion mentale dans lequel toute appréciation rapide d’une situation et des mouvements légers, fluides et coordonnés sont rendus impossibles. Les réflexes s’émoussent, la capacité à prendre une décision est altérée, le temps de réaction de l’esprit et du corps augmente.

Lorsqu’au cours d’un combat le pratiquant est pénétré par l’une de ces quatre émotions, sa vigilance se relâche, son jugement et son intuition s’altèrent, sa vision perd en acuité, ses déplacements deviennent peu mobiles, voire maladroits. A cet instant le pratiquant devient vulnérable, car il offre à l’adversaire l’ouverture que ce dernier attendait patiemment pour frapper d’un seul coup.

La pratique de l’iaïdō permet à celui qui s’y exerce, d’observer, de reconnaître et de surmonter chacune de ces quatre émotions. En s’y confrontant, le pratiquant entraîne son esprit à demeurer aussi calme et limpide qu’un lac de montagne.

Les pratiquants les plus accomplis peuvent parfois, après des dizaines d’années de pratique assidue, atteindre l’état de Mushin (無心). Cet état de conscience est décrit par le bouddhisme zen par « penser sans pensée ».  C’est un état d’esprit qui ne se fixe sur aucune émotion, et ce faisant il se libère de toute contrainte spirituelle, physique et technique. Penser à une technique dans l’action amène souvent à l’échec de cette même technique. L’état de Mushin est aussi lié à l’ego, qui entrave souvent l’esprit. Il faut arriver de se détacher de ses peurs, de la colère et de l’orgueil, jusqu’à l’envie même de dominer l’autre.  Atteindre l’état de Mushin,c’est être capable de bouger sans hésitation et de sentir intuitivement ce qui se passe autour de soi, sans toutefois avoir besoin se concentrer dessus. Le pratiquant accompli n’essaye pas d’anticiper ce que va faire l’autre, il devient l’autre.

Pour y parvenir, les Sensei enseignent qu’il est nécessaire d’entrainer quotidiennement son esprit à pratiquer Zanshin (残心) un état permanent de vigilance active non seulement dans le combat mais dans la vie de tous les jours. Shoshin (初心) l’esprit du débutant qui enseigne de conserver un regard neuf sur les rencontres et les évènements de la vie, mais aussi d’écouter comme si l’on entendait pour la première fois.  

Mizu no kokoro (水の心) l’esprit de l’eau courante, qui enseigne la souplesse de l’esprit, la présence au monde, la connaissance intuitive et le jaillissement créateur.  

Seme (攻め) l’esprit offensif ; Sei (静) la sérénité c’est à dire un vécu de paix avec son passé, une confiance dans les instants à venir, d’où le fort sentiment de cohérence, d’acceptation du présent et de force pour affronter ce qui viendra. 

La pratique de l’iaïdō est la pratique de la voie de l’élégance.

L’initiative

L’initiative est la faculté de saisir de saisir l’intention de l’adversaire est d’agir de manière adaptée au contexte : parade, riposte, attaque préventive, contre-attaque. 

– Go no sen : attaque – parade/contre-attaque en un seul temps.

– Sen no sen : attaque sur l’intention manifeste d’attaque de l’adversaire à l’instant où elle est formulée, qu’elle se traduise déjà ou non par un début d’action.

– Sen sen no sen : attaque préventive sur la pensée d’attaque de l’adversaire.

Seito Seiryu Muso Jikiden Eishin Ryu Iaido Kokusai Renmei

一般社団法人  正統正流無雙直傳英信流居合道国際連盟

Esaka Hiroshi Seigen Sensei, Hanshi, 10e Dan

Esaka Dojo : http://esaka.seigen.net

Seito Seiryu Muso Jikiden Eishin Ryu Iaido Kokusai Renmei : http://www.mjer-iaido.org/en/

Tomita Yoshitaka Sensei, Kyoshi, 8e Dan

Association Culturelle Wagokoro – 和心 : Musō Jikiden Eishin Ryū Iaidō  Représentant : Gilles Favro, 6e Dan – Seito Seiryu Muso Jikiden Eishin Ryu Iaido Kokusai Renmei. ( Japon – Nov. 2015) Elève de Esaka Hiroshi Seigen Sensei, Hanshi, 10e Dan. Elève de Tomita Yoshitaka Sensei, Kyōshi, 8e Dan.

Gilles Favro, 6e Dan.

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RESPIRE : Je bouge, donc je pense. Je respire, donc je suis. (Editions l'Harmattan 2021)Voir