« L’important est de faire appel au potentiel le plus élevé de l’homme : celui de transformer une tragédie personnelle en victoire, une souffrance en réalisation humaine. »
– Viktor Frankl –

Gilles Favro – 7 juillet 2015.

Je vous propose de faire une pause et de réfléchir aux questions suivantes :

Comment réagissez-vous face à l’adversité ?

Avez-vous la capacité de vous adapter afin de surmonter les obstacles que vous rencontrez ou vous laissez-vous submerger par le stress et les émotions ?

Combien de fois au cours de la semaine avez-vous pensé : « Je dois rendre ce travail pour… Je ne m’en sors pas ! Ma charge de travail est trop forte ! Je dois travailler de plus en plus tard pour respecter mes échéances… »

Combien de fois avez-vous ressenti une tension dans vos mâchoires, dans votre nuque, vos épaules ou vos bras ?

Combien de fois avez-vous ressenti un emballement de votre rythme cardiaque, éprouvé des difficultés à vous endormir ou vous êtes-vous réveillé vers 4 heures du matin pour ruminer vos idées noires jusqu’au petit matin ?

Combien de fois avez-vous été confronté à une forte charge émotionnelle, sans avoir la capacité de prendre du recul, d’évaluer objectivement la situation, de comprendre le point de vue de votre interlocuteur et d’exprimer votre ressenti de manière assertive ?

Face à l’adversité, certaines personnes démontrent de réelles aptitudes à faire face et à surmonter les défis et les difficultés qu’elles rencontrent.

Ces personnes partagent une caractéristique en commun:
 la résilience.

Il peut être utile de comprendre pourquoi ces personnes s’adaptent mieux que les autres à des situations difficiles ?

Quelles compétences et quelles stratégies emploient-elles pour composer avec les hauts et les bas de l’existence ?

 

Qu’est ce que la résilience ?

En physique la résilience désigne la propriété d’un matériau à résister aux pressions et à reprendre sa structure initiale après avoir été comprimé ou déformé.

En psychologie, de nombreux auteurs ont donné une définition opérationnelle de la résilience.

Pour Wolin (1993), la résilience est la capacité d’une personne à rebondir, à résister aux difficultés et à se reconstruire.

Pour Higgins (1994), c’est un processus de croissance qui s’appuie sur la capacité de la personne à se relever et à faire face.

Pour Richardson (1990), la résilience est un processus dynamique qui permet à un individu de faire aux évènements stressants ou difficiles d’une manière qui fournit à l’individu des compétences supplémentaires de protection et d’adaptation.

Au début des années 90, Martin Seligman et Karen Reivich de l’Université de Pennsylvanie, développèrent un programme de prévention de la dépression dénommé « Penn Resilience Programme » (PRP).
Ce programme qui s’appuyait sur les travaux de Seligman sur les attributions causales et les styles explicatifs ( voir article : L’optimisme est-il un marqueur de la performance ? ), a permis une nouvelle compréhension du concept de résilience. (Seligman, Peterson, 1988)

D’après ces chercheurs, ce n’est pas tant les moments difficiles que nous rencontrons qui déterminent nos succès ou nos échecs que la façon dont nous répondons à ces moments difficiles.

Et plus particulièrement selon :
– la justesse de notre analyse des événements ;
– le nombre de scénarios alternatifs que nous pouvons envisager ;
– notre capacité à être flexible psychologiquement face à la situation ;
– notre capacité à relever des défis et à faire face à de nouvelles opportunités.

 

7 compétences pour développer sa résilience.

Dans le livre « The Resilience Factor »
 (Reivich, Shatte, 2002), les auteurs ont observé que les personnes résilientes utilisent un ensemble de compétences et de stratégies qui leur permettent d’atteindre leurs objectifs tout en les rendant plus flexibles face à l’adversité.

resilience 1

REGULATION EMOTIONNELLE : Rester calme face à l’adversité. Contrôler l’expression des émotions afin de rester efficace sous pression. Savoir exprimer ses émotions d’une façon à améliorer la situation.

CONTROLE DES IMPULSIONS : S’arrêter afin de gérer l’expression comportementale des pensées et des émotions avant de décider d’agir ou non. Savoir différer dans le temps une gratification. Savoir persévérer malgré les difficultés rencontrées.

ANALYSE CAUSALE : Savoir analyser les problèmes et identifier avec précision les causes des difficultés rencontrées. Etre capable de sortir des schémas et styles de pensée habituels pour identifier les causes possibles et les solutions potentielles.

EFFICACITE PERSONNELLE : Avoir la croyance d’être capable de faire face à différentes situations et la conviction de pouvoir résoudre les problèmes et persévérer pour réussir.

OPTIMISME REALISTE : Conserver une attitude positive face à l’avenir, tout en étant réaliste quant à l’issue favorable d’une situation future, sans nier la réalité.

EMPATHIE : Détecter et interpréter les indices comportementaux des personnes pour comprendre leurs états psychologiques et émotionnels et ainsi établir de meilleures relations. Comprendre les émotions, sentiments et besoins des autres personnes, pour construire des relations plus profondes avec les autres tout en restant aligné avec ses propres besoins et états émotionnels.

S’OUVRIR /ALLER DE L’AVANT : Savoir reconnaître et renforcer les aspects positifs de la vie. Relever les nouveaux défis, saisir de nouvelles opportunités. Aller vers les autres.

L’acquisition de ces sept compétences, facilite la résolution de problème tout en permettant aux personnes de prévoir les conséquences de leurs actions et d’identifier les risques appropriés.

 

Construire la résilience

Selon Reivich et Shatte, l’acquisition des ces sept compétences s’appuie sur quatre croyances profondes :

Croyance N°1 : « Les changements sont possibles. »

Cette croyance est basée sur la conviction que les personnes peuvent acquérir les compétences nécessaires à leur transformation. Chaque personne est libre, à tout moment, d’initier un changement dans sa vie à la condition d’en avoir la motivation et de développer des compétences par un entraînement approprié.

Croyance N°2 : « Nous sommes ce que nous pensons. »

La thérapie cognitive a mis en évidence que les pensées et les émotions sont au cœur du processus transformationnel. La clé de la résilience est fondée sur la capacité d’une personne à reconnaître ses schémas de pensée et les croyances qui les sous-tendent, afin d’accroître sa flexibilité psychologique et d’étendre le répertoire de ses réponses comportementales.

Croyance N°3 : « La pensée résiliente est fondée sur une pensée sans filtres. »
Ce n’est pas le monde extérieur qui est la cause de nos émotions et de nos comportements, mais la représentation que l’on peut en avoir en fonction de pensées dysfonctionnelles.
Favoriser un état d’esprit centré sur une attitude positive, sans nier la réalité, tout en appréciant activement les aspects positifs d’une situation, sans en ignorer les aspects négatifs, facilite l’émergence de pensées et des réactions en adéquation avec la réalité.

Croyance N°4 : « Se recentrer sur les forces humaines. »
Les travaux sur la psychologie positive ont montré l’importance de se centrer sur les forces humaines (voir articles : Comment tirer le meilleur parti des forces humaines ? et « Courir toujours plus vite sans aller nulle part…! » ). Pour Karen Reivich, la résilience est la force de base, qui sous-tend toutes les caractéristiques positives d’une personne dans sa structure psychologique et émotionnelle. L’absence de résilience est la principale cause de dysfonctionnent cognitif et comportemental. Sans résilience, il n’y a pas de courage, d’humanité, de tempérance, de créativité ou d’ouverture au monde.
La résilience est le socle sur lequel toutes les autres forces se construisent.

Références bibliographiques:
– Peterson, C., Seligman, M. E. P., & Vaillant, G. E. (1988). Pessimistic explanatory style is a risk factor for physical illness:  A thirty-five-year longitudinal study. Journal of Personality and Social Psychology, 55, 23-27.
– Peterson, C., Seligman, M. E. P., & Vaillant, G. E. (1988). Pessimistic explanatory style is a risk factor for physical illness: A thirty-five-year longitudinal study. Journal of Personality and Social Psychology, 55, 23-27.
– Reivich, K. (1995). The measurement of explanatory style. In G. M. Buchanan & M. E. P. Seligman (Eds), Explanatory Style (pp. 21-47). Hillsdale, NJ: Lawrence Erlbaum Associates.
– Reivich, K. & Shatte,A. (2002). The resilience factor: Seven essential skills for overcoming life’s inevitable obstacles. New York: Broadway Books
– Reivich, K. J., Seligman, M. E. P., & Mc Bride, S. (2011). Master Resilience Training in the U.S. Army. American Psychologist, 66(1), 25-34.
– Richardson, G.E., Neiger, B.L., Jensen, S., & Kumpfer, K.L. (1990). The resiliency model. Health Education, 21(6), 33-39.
– Wolin, S.J. & Wolin, S. (1993). The resilient self: How survivors of troubled families arise above adversity. New York, NY: Villard.

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RESPIRE : Je bouge, donc je pense. Je respire, donc je suis. (Editions l'Harmattan 2021)Voir