Gilles Favro – 14 mars 2015.

Le temps passé au travail constitue plus d’un tiers de notre vie.

Mais comment utilisons nous notre temps ?

Une ancienne parabole raconte qu’au Moyen Âge, trois tailleurs de pierre, façonnaient au ciseau de grands blocs de pierre. Le premier tailleur, travaillait machinalement. Il n’était pas présent à ce qu’il faisait, sa posture était avachie sur l’ouvrage.

Un homme vint à passer et le questionna : « Que fais-tu ? » «  Je gagne mon pain… ! » répondit-il tristement.

L’homme s’approcha du second tailleur de pierre. Ces coups de ciseaux étaient précis et ajustés, il émanait de sa posture une impression de force et de puissance. Quand l’homme lui demanda ce qu’il est en train de faire, il répondit : « Je suis le meilleur tailleur de pierre de la région et je construis un mur. »

Quelques mètres plus loin, un troisième tailleur de pierre travaillait avec habileté. Il façonnait son ouvrage sans efforts apparents, comme habité par une force intérieure et quand l’homme lui demanda à son tour ce qu’il était en train de faire, il répondit avec un large sourire : « Je bâtis une cathédrale ! ».

Ainsi, la satisfaction au travail varie considérablement d’un individu à un autre.

Amy WRZESNIEWSKI de l’Université de Yale, a identifié trois différents types de comportements, selon que les personnes voient leur travail comme un job, une carrière ou une vocation.

Les personnes qui considèrent leur travail comme un job, sont seulement intéressés par les avantages matériels que le travail procure et ne recherchent, ni ne reçoivent aucune autre forme de satisfaction. Le travail n’est pas une fin en soi ; les personnes n’ayant d’autre objectif que d’acquérir les ressources nécessaires afin de financer les autres activités de leur vie. De fait, ils ne retirent qu’une faible satisfaction de leur travail, leurs intérêts et leurs ambitions étant placés ailleurs.

Les personnes de la deuxième catégorie, travaillent à la réalisation de leur carrière. Ils sont essentiellement motivés par des facteurs extrinsèques tels que l’argent, l’avancement, la réussite, le pouvoir, le prestige… Les personnes de cette catégorie retirent une profonde satisfaction des avantages induits par leur avancement. Mais il suffit parfois qu’un événement extérieur (avancement bloqué, remise en question de leur statut, perte d’emploi…) vienne interrompre cette belle trajectoire.

Les personnes de la troisième catégorie considèrent leur travail comme une vocation. Le travail est vécu ici comme une fin en soi. Ces personnes ne travaillent pas à la recherche prioritaire d’un gain financier ou d’un objectif d’avancement de carrière, mais pour le contenu intrinsèque et l’accomplissement que le travail leur procure. Ici, le travail est perçu comme une composante essentielle de l’identité de la personne qui s’identifie à elle. Le travail permet à la personne de s’engager conformément à ses valeurs dans une vie riche de sens.

Amy WRZESNIEWSKI, a démontré que les trois représentations possibles que peut avoir une personne de son travail, se retrouvaient dans des proportions similaires (environ un tiers pour chacune d’entre-elles) dans la plus part des postes étudiés ; tous niveaux hiérarchiques confondus.

Alors comment changer son job en vocation ?

Un processus de clarification, engagé dans le cadre d’un accompagnement personnalisé permet à la personne de :

  • prendre conscience de l’origine des ses difficultés ainsi que des ressources dont elle dispose pour les résoudre ;
  • explorer, en sécurité, tous les chemins possibles ;
  • tester sa motivation à l’égard de ses buts, de ses objectifs, et de ses valeurs ;
  • élaborer un projet professionnel qui s’inscrive dans un projet de vie ;
  • se connecter à ses ressources pour avancer ;
  • passer à l’action pour modifier un comportement ou mettre en acte ses potentiels.
  • se maintenir en mouvement vers ses valeurs par un ensemble d’actions engagées.

A la fin de ce processus de clarification, la personne pourra choisir en toute liberté de trouver du sens dans son travail ou de trouver un travail qui ait un sens.

Référence bibliographique: 
« Jobs, Careers, and Callings: People’s Relations to Their Work »  Amy Wrzesniewski – University of Michigan.

 

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